Particularité : Cette plante extrêmement toxique est d’autant plus dangereuse qu’elle ressemble beaucoup, à l’état stérile, à la gentiane jaune qui croît souvent dans les mêmes stations qu’elle. Le vératre se distingue à ses feuilles alternes et velues en dessous, alors que celles de la gentiane sont opposées et glabres. «Ellébore blanc» des Anciens, la plante a été longtemps confondue avec les ellébores vrais (renonculacées), eux-mêmes souvent dénommés «vératres noirs». De nombreuses indications ont été attachées à ces «ellébores» au sens large, dans l’Antiquité comme au Moyen Âge et à la Renaissance, où on les prescrivait encore dans les maladies mentales et nerveuses, la constipation opiniâtre, les dermatoses rebelles, l’hydropisie, non sans risques. Le vératre proprement dit restait employé, au XVIIIe siècle, comme sternutatoire et en pratique vétérinaire. La racine, partie utilisée, renferme au moins une douzaine d’alcaloïdes (le plus notable étant la protovératrine, mélange de deux alcaloïdes très voisins), complexe très vénéneux, irritant, curarisant, tétanisant, agissant particulièrement au niveau musculaire. L’intoxication se manifeste par une brûlure à la bouche et à la gorge, des vomissements incoercibles, une diarrhée douloureuse, un ralentissement cardiaque et une difficulté respiratoire, des contractions musculaires, des convulsions, le délire, l’étouffement, le collapsus. Pourtant, cette plante a été employée, en usage interne, dans la défaillance musculaire, l’éclampsie, la poliomyélite, le choléra et certaines affections à tremblements (chorée, maladie de Basedow); en usage externe comme analgésique: douleurs articulaires et de la région cardiaque, goutte, zona, palpitations. Prescription et posologie sont du seul ressort du médecin. |